La légende
du martin-pêcheur
Une
légende lorraine rattache à un épisode du déluge les belles colorations du
martin-pêcheur.
Noé après avoir lâché la colombe, charge
l’oiseau bleu d’aller voir si la terre reparaissait. Lorsque celui-ci quitta
l’arche le matin, il s’éleva un si grand vent, que pour ne pas être précipité
dans l’onde, il prit son essor vers le ciel et arriva bientôt dans le bleu du
firmament où il n’hésita pas à s’enfoncer : de gris qu’il était
auparavant, son plumage se colora de bleu.
Parvenu à une grande hauteur, il vit le
soleil qui se levait bien loin au-dessous de lui. Il dirigea son vol de ce côté
pour le voir de plus près. Plus il s’en approchait, plus la chaleur devenait
vive. Les plumes de son ventre commencèrent même à roussir et à prendre feu. Il
se hâta de venir l’éteindre dans les eaux qui couvraient la terre.
Mais il eut beau regardé, l’arche avait disparu,
parce que Noé l’avait démolie pour en faire une maison et des étables. L’oiseau
se mit à appeler Noé, en poussant des cris aigus.
Aujourd’hui encore, on le voit cherchant
le long des rives s’il ne retrouvera pas l’arche ou quelques-uns de ses débris.
Il a conservé sur la partie supérieure de son corps le plumage bleu de ciel
qu’il a acquis dans le firmament, et son ventre est encore tout roussi par
suite de l’imprudence qu’il a commise de s’approcher du soleil.
D’après « Le
folklore de la France. La
faune et la flore » – Paul Sébillot