Texte 1 :
Mouloud Feraoun 1913-1962
Né le 8 mars 1913 à Tizi-Hibel près de Beni Douala, en Grande kabylie, dans une famille de paysans
modestes, Mouloud Feraoun entre à l’école de Taourirt-Moussa à l’âge de sept ans puis, après avoir obtenu son certificat d’études primaires et élémentaires, il bénéficie d’une bourse
d’enseignement pour étudier à l’école primaire supérieure (collège) de Tizi-Ouzou avant d’être admis au concours d’entrée à l’Ecole Normale Supérieure de Bouzaréah d’où il sort instituteur en 1935.
Mouloud Feraoun est considéré comme le pionnier de la littérature algérienne d’expression française.
Il fut instituteur puis directeur et est l’auteur de plusieurs romans comme « Le fils du pauvre » dans lequel il relate son enfance et son adolescence au sein d’une famille pauvre pendant l’entre-deux-guerres.
D‘après Djoher AMHIS-OUKSEL, D’une rive à l’autre, Casbah Editions
Texte 2 :
Je me souviens, comme si cela datait d’hier, de mon entrée à l’école.
Un jour, mon père arriva de la djemaâ avec un petit air mystérieux et ému.
J’étais dans notre cour, près d’un kanoun où se trouvait une casserole de lait.
Ma mère venait de rentrer à la maison. Elle allait prendre une pincée de sel et une motte de couscous, pour préparer mon déjeuner du matin. Je dois préciser, d’ailleurs, que pareil déjeuner ne m’était accordé
qu’exceptionnellement. Il fallait, pour cela, la conjonction de plusieurs circonstances :
D’abord avoir du couscous, du lait, ensuite choisir le moment, attendre notamment l’absence de ma petite sœur car elle aurait revendiqué sa part de l’aubaine ; ce qui aurait obligé ma mère à augmenter la dose commune ou à exciter notre gourmandise sans la satisfaire complètement. Donc, ce matin-là, toutes les conditions étant réunies, j’étais là, seul, face à la casserole, les yeux encore pleins de sommeil mais le ventre parfaitement éveillé.
Hélas ! il était écrit, sans doute, que j’apprendrais de bonne heure que certaines choses coupent l’appétit. En effet, lorsque mon père parla, l’envie de manger s’envola en même temps que mon sommeil.
Mon père n’avait pas son pareil pour effrayer les gens.
- Vite ! vite, dit-il à ma mère, lave-le entièrement, les mains, la figure, le cou, les pieds.
- Il y a aussi sa gandoura qui est sale, dit ma mère. Il faudrait peut- être attendre demain. Je la laverai ainsi que son burnous.
Vous pensez si j’ouvris les oreilles à cette proposition !
_ Demain, toutes les places seront prises. Et puis, il ne faut pas commencer l’école par des absences.
Dépêchons-nous ! Je fus débarbouillé en hâte cinq minutes après. Encore abasourdi, je débarquai dans la vaste cour de l’école, toute grouillante d’élèves… à cent lieues de mon petit déjeuner.
Seule dans la famille, ma petite sœur Titi fêta l’événement avec la casserole de couscous au lait.
Elle marqua cette journée d’une pierre blanche.
Ma première journée de classe, ma première semaine et même ma première année ont laissé dans ma mémoire
très peu de traces. J’ai beau fouiller parmi mes souvenirs, je ne retrouve rien de clair.
Nous avions deux maîtres: l’un gros, court, joufflu avec de petits yeux rieurs qui n’inspiraient aucune crainte ; l’autre mince, pâle, un peu taciturne avec son nez long et ses grosses lèvres, mais aussi sympathique que le premier.
Mouloud Feraoun, Le Fils du pauvre, Editions du Seuil
1ère écoute (texte 1 intégral + Début du texte 2) :
- C’est Djoher Amhis qui parle dans le texte 1. Elle parle de l’écrivain Mouloud Feraoun.
- C’est Mouloud Feraoun qui parle dans le texte 2. Il parle de lui- même, de sa vie.
- Les deux textes parlent de la vie de Mouloud Feraoun.
2ème écoute ( les deux textes):
- Le premier récit est écrit à la 3ème personne du singulier « il ». Le pronom utilisé renvoie à Mouloud Feraoun.
- Le second récit est écrit à la 1ère personne du singulier « je ». Le pronom utilisé renvoie à Mouloud Feraoun, l’auteur-narrateur.
- Feraoun est rentré à l’école à l’âge de sept ans.
- Plus tard, il a exercé le métier d’instituteur et celui de directeur.
- Il raconte son enfance dans le roman intitulé : « Le fils du pauvre ».
3ème écoute : (Texte 2)
- Le souvenir évoqué par Feraoun dans le second récit est son entrée à l’école.
- Lorsque son père arriva de la djemaâ, il se trouvait dans la cour de la maison.
- Sa maman lui préparait son déjeuner du matin.
- La nouvelle de son entrée à l’école a coupé l’appétit au petit Feraoun.
- Le père demande à la maman de laver l’enfant entièrement pour qu’il l’emmène à l’école.
- Il regrette son petit déjeuner. - C’est sa petite sœur qui en a profité.
- Non, il ne garde pas de souvenirs précis de sa première journée de classe. - Il se souvient de ses deux enseignants.