Et si les monstres n’étaient que des hommes
Un monstre était à terre
Bafoué, humilié
Un monstre était à terre,
Il fallait l’achever.
Malgré ses suppliques,
Ses appels de pitié,
Une seule réplique :
Les cœurs s’étaient murés
Les cœurs s’étaient blindés
Les cœurs s’étaient fermés
Au plus petit atome
De simple humanité
Ils l’ont frappé,
Ils l’ont lynché.
Un monstre était à terre,
De son sang maculé.
Et dans ses yeux
Le monde entier a lu
Le monde entier a vu
La peur et l’horreur
De n’être plus qu’un homme,
Que l’on jette en pâture
Aux mains d’autres hommes,
Pour lesquels la torture
Assouvit la vengeance
Comme le sang étancherait la soif.
Ils ont frappé,
Ils ont lynché…
Un homme était à terre
Sans défense et blessé.
Et cela suffisait
Pour que ses bourreaux enterrent
Leur haine, leur colère,
Leur folie meurtrière.
Mais ils n’ont pas cédé…
Comme n’avait pas cédé
Caïn avec Abel
Faisant ainsi du crime
Une faute originelle
Une fatalité, une réalité.
Ils ont frappé,
Ils ont lynché…
Un homme était à terre
Et ses yeux ont hurlé
Pitié, à l’univers
Qui regardait sa mort
Blasé, indifférent,
Jubilants pour certains
Impuissants pour les siens,
Comme unique justice,
Comme seule réponse
A toutes les horreurs,
Et à tous les sévices,
Qu’il avait pu commettre.
Ils ont frappé,
Ils ont lynché…
Un homme était à terre
Un homme terrifié,
Un homme torturé,
Mais ceux qui l’ont tué
Ont réussi à faire
Sans le vouloir, sans le savoir,
D’un tyran, un martyr
D’un monstre, un être humain
Qui hantera demain
Ceux qui étaient témoins.
Qui hantera demain
La mémoire des Lybiens.
Oum_Zaki