voici quelques fables bien de chez nous. je pense qu'elles seront plus accessible pour nos enfants.
4 - La souris du logis et la souris du désert
On raconte que la souris du logis vit la souris du désert dans la gêne et la peine ; elle lui dit :
-« Que fais-tu ici ? Viens avec moi au logis car il y a toutes sortes d’opulence et d’abondance ».
Alors la souris du désert vint avec elle.
Mais voici que le propriétaire du logis qu’elle habitait lui tendit un piège, constitué par une brique au-dessous de laquelle il avait placé un bout de graisse. Elle se précipita pour prendre le gras, la brique lui tomba dessus et l’écrasa. La souris des champs s’enfuit, hochant la tête et, étonnée, elle dit :
-« Certes, je vois une grande abondance, mais aussi une grande affliction ; par conséquent, la santé avec la pauvreté me sont plus douces que la richesse qui conduit à ma perte. »
Puis elle s’enfuit vers le désert.
AL-IBSHÎHÎ (1388-1446, XIV°-XV° Siècle)
2 - Le chasseur et l'oiseau
Un homme chassait des oiseaux, un jour de grand froid. Il égorgeait les oiseaux qu’il attrapait, pendant que des larmes lui coulaient sur les joues, à cause du froid.
Un oiseau dit à son compagnon :
-« N’aie pas peur de cet homme, ne vois-tu pas qu’il est en pleurs ? »
L’autre lui répondit :
-« Ne regarde pas ses larmes, mais vois plutôt ce que font ses mains ! »
AL-SHARÎSHÎ (1162-1222, XII°-XIII° Siècle)
1 - Le lion, le loup et le renard
Le lion tomba malade.
Tous les animaux sauvages vinrent lui rendre visite, sauf le renard ; le loup en profita pour le calomnier et raconter des propos mensongers sur son compte.
S’adressant au loup, le lion lui dit :
-« Si le renard se présente, préviens-moi. »
Entre-temps, le renard fut mis au courant des agissements du loup.
Lorsque le renard arriva, le loup avertit le lion. Ce dernier demanda au renard :
-« Où étais-tu, brave cavalier? » Le renard répondit :
-« J’étais parti en quête d’un remède pour Sa Majesté. »
-« Et qu’as-tu trouvé ? » demanda le lion, intéressé.
-« On m’a conseillé le remède suivant : un osselet de la patte du loup. »
Le lion asséna alors un coup de griffe qui mit en sang la patte du loup, mais ne trouva rien. Le renard s’éclipsa, puis il vit le loup, les pattes couvertes de sang, il lui dit :
-« Ô toi, le loup à la patte rouge de sang, tu ferais mieux, lorsque tu t’assieds chez les rois, de retenir ta langue. »
IBN AL-AWZÎ (1186-1256, XII°-XIII° Siècle)
A comparer avec « Le lion, le loup et le renard » selon Jean De La Fontaine.
3 - Le renard et l'hyène
On raconte qu’un jour, ayant soif, le renard aperçut un puits sur la poulie duquel était fixée une corde munie d’un seau à chaque bout. Il s’assit dans un des seaux et fut entraîné au fond, où il se désaltéra.
Advint une hyène qui, regardant au fond du puits, crut distinguer un croissant de lune dans l’eau, et vit un renard tapi à côté.
-« Que fais-tu là-dedans ? » lui demanda-t-elle.
-« J’ai mangé la moitié de cette miche de fromage, lui dit-il, et il reste l’autre moitié pour toi ; descends donc la manger.»
-« Comment faire pour descendre ? » interrogea-t-elle.
-« Assieds-toi sur le seau du haut » dit le renard.
Elle s’assit dans le seau et son poids l’entraîna vers le fond, pendant que le renard montait dans l’autre seau.
Lorsqu’ils se rencontrèrent au milieu du puits, l’hyène demanda au renard :
-« Qu’est-ce que c’est cela ? »
-« C’est là que nos chemins divergent », répondit le renard.
Ce fut le début d’une inimitié que les Arabes considèrent comme proverbiale.
AL-SHARÎSHÎ (1162-1222, XII°-XIII° Siècle)