Cher enseignant(e):, vous nous direz quelles impressions vous ressentirez à ne plus entendre la sonnerie un peu stridente [la cloche], qui rythme nos heures depuis 8 heures du matin jusqu’à 17 heures du soir, avec une régularité de gare de voyageurs. Vous nous direz ce que cela fait de ne plus entendre l’agitation, les cris d’enfants, les interpellations en tout genre, les « eh », les « eh oh », qui, juste après cette sonnerie, retentissent lorsque des escaliers ou des salles de classe déboulent des groupes d’élèves. En les entendant depuis mon bureau, je me demande parfois si je n’ai pas lancé une alerte incendie ou une alerte à la bombe, souvent, j’ai eu des doutes… Mais, non, il ne s’agit que d’une sortie de cours… Certaines sorties se font plus rapidement que d’autres. Certaines ont des allures de TGV, d’autres de bouchons de champagne, les vôtres, si mes souvenirs sont bons, avaient plutôt le rythme d’une sortie de salle de cinéma, animée, bavarde, au cours de laquelle on échange, mais sur une allure normale, comme si les élèves voulaient retenir leur pas et rester encore dans la classe. Vous nous direz aussi, cher(e) collègue, si vous regretterez le petit café brûlant du matin, [de la machine à café] avec vos collègues, dans la salle des profs, discutant sur vos élèves, sur les copies à corriger ou déjà corrigées, râlant parce que le vidéo projecteur ou la salle informatique ne sont pas prêts, racontant aux premiers jours de novembre, de janvier, de début mai, les vacances déjà finies, et attendant avec impatience tous les ponts bienvenus du mois de mai... Vous nous direz tout cela, le jour où vous reviendrez nous donner un petit bonjour, quittant pour quelques instants, votre havre de liberté, de silence et de paix. Ce havre, c’est-à-dire votre douillet domicile dont vous allez profiter pleinement, à partir d’aujourd’hui, jour de votre départ en retraite, que nous sommes .........