Parler de « l'épistémologie » ne va pas de soi, car cette dénomination prête à équivoque. Son unité épistémique contingente, sa place scientifique indéterminé, soit du côté de l'analyse, soit du côté de la critique.
Selon la définition la plus courante sans recourir au sens ancien du mot (du grec épistème : « science ou connaissance » et logos : « étude ») serait d'affirmer que son terrain d'expérience est le discours scientifique sous une vision critique. Comme son travail inclut une réflexion sur les sciences, leurs démarches et leurs résultats ; elle est donc une partie de la philosophie qui s'intéresse au discours rationnel sur la connaissance scientifique. En effet, la seconde acception définitionnelle est celle de l'étude « des épistèmes » comme élément récréatif des discours positivistes produits par des disciplines appelées « non-sciences ». Sous cet angle, qu'est ce que la science ? Comment l'acquérir ? Quelles sont ses démarches d'analyse? Pourquoi elle intervient ?
Dans l'usage courant, le mot « science » peut avoir plusieurs sens et il convient donc de désambiguïser cette confusion conceptuelle avec « le savoir » et « la connaissance », citant la définition de DESCARTES (1596-1695) : « la science est un ensemble de connaissances, d'étude d'une valeur universelle, caractérisées par un objet et une méthode déterminée, fondée sur des relations objectives vérifiables » (1). Cette définition associe au mot : « science » une certaine forme de rigueur et d'objectivité fondée sur des relations vérifiables, ainsi l'adjectif « vérifiable » fait référence à une confrontation avec les faits ou à un contrôle de la cohérence interne des connaissances . Il apparaît évident que la seule cohérence interne de connaissances ne saurait leur donner une valeur universelle et que seule une confrontation avec les faits garantit que ces connaissances sont applicables.
Cependant, selon DESCARTES : « L'épistémologie est née pour la résolution des problèmes scientifiques » c'est-à-dire la recherche épistémologique est fondée sur la relativité des théories scientifiques tout en remettant en cause leurs résultats. Ensuite, elle est basée sur un protocole d'observation et de description développé par des philosophes fondationalistes qui ont posé la question sur la possibilité d'isolement des faits d'observation basés sur la généralisation des théories.
D'autre part, du point de vue holiste et positiviste, pour lequel (WILLARD VAN ORMAN QUINE), le protocole d'observation n'est pas déterminant ; donc, il n'y a pas une limite d'empirisme en relation avec la théorisation de son observation. Sur cette dimension, L'épistémologie sert à vérifier le degré de la validité des sciences (sociales et exactes) après une description objectives des démarches d'analyse de la science à étudier. Avec une méthodologie inductive (qui consiste à passer d'une hypothèse singulière à une justification logique des résultats obtenus). Par contre, selon KARL POPPER, ce raisonnement est relatif car de nombreuses observations ne suffisent pas à élaborer une théorie universelle falsifiée par une seule remarque inattendue. De plus, selon GASTON BACHELARD : « l'esprit problématique est le signe de l'esprit scientifique (…) il n'y a pas de connaissances données, il n'y a que des connaissances structurées » (3), cette définition montre que les connaissances ne se construisent pas d'une façon arbitraire mais il s'agit plutôt d'une intégration de celles-ci dans un réseau conceptuel existant.
Sur une dimension didactique, l'épistémologie intervient, bien entendu, à priori au niveau de la formulation des théories , GASTON BACHELARD considère le savoir comme le produit d'une progression cognitive, en disant : « il n'y a pas de juxtaposition des connaissances » (4). L'épistémologie intervient pour l'établissement des liens de complémentarité entre les sciences tout en assurant leurs universalités.
En outre, l'apprentissage constitue un défi pour la didactique et pour l'épistémologie appelée la théorie des sciences. Cette dernière est basée aussi sur une ou des stratégies d'analyse après une description objectives des résultats scientifiques pour mettre la science en état d'évolution permanente.
Au niveau des sciences exactes, telle que la mathématique; l'épistémologie n'intervient pas pour donner des manières de démonstration, ni des stratégies de résolution d'une équation mais elle sert à poser la question, après avoir vu le résultat final obtenu par le mathématicien.
Sur la manière de démonstration. Cette critique (à posteriori) permet au mathématicien de suivre ses démarches de résolution d'un problème donné doucement et sûrement, et donc, « la théories des sciences » fait de la logique la base de toutes critiques.
Sur le plan des sciences du langage, J.G MILNER mentionne que "les règles générales en question définissent cette méta discipline qu'on appelle : « l'épistémologie des sciences du langage » ou « théorie de la langue »" (5). L'épistémologie inclut donc une réflexion sur la langue (son origine et son autonomie), elle ouvre à la linguistique des horizons de recherches.
On distingue deux types d'épistémologie :
1-Une épistémologie à critères internes, inspirée de la réflexion aristotélicienne (une théorie basée sur trois critères pour satisfaire une théorie de la langue : la cohérence, la rigueur formelle du raisonnement et la simplicité).
2-Une autre à critères externes, illustrée par GALILEE (1564-1642) d'où la notion d'épistémologie galiléenne s'est fondée sur la méthode hypothético-déductive : la construction des hypothèses préalables pour une vérification efficiente de résultats.
En fin, cette théorie des sciences mène la science à une évolution permanente avec une progression sûre pour satisfaire les horizons d'attente des chercheurs. Elle fait donc de la science un laboratoire empirique de résolution des crises scientifiques. Cela lui donne la priorité de surveillance et du conseil, elle est : "la science des problèmes scientifiques résolus" ; Alors, existe-t-il une épistémologie de l'épistémologie ?
BIBLIOGRAPHIE
(1) Descartes, René, 1637, "Discours de la méthode", p.217.
(2) Descartes, René, Opt.cit.; p.383.
(3) Bachelard, Gaston, 2003, "Le nouvel esprit scientifique", éd.; PUF, Paris, p.119.
(4) Bachelard, Gaston, Opt.cit.; p.122.
(5) Citée d'après Stockinger, Peter, 2005, "Epistémologie et didactique", éd.; Stock, Bruxelles, p.43.
À propos de l'auteur :
Tifour Thameur
Titulaire d'un diplome de magistère en langue française.
Enseignant à l'école moyenne-Eldjadida, Z.E.A (TAGUINE).
Email:tifourthameur@yahoo.fr
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