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| PROJET 4 :La nouvelle Activités de langue:Lesfigures de style | |
| | Auteur | Message |
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Nedjma Admin
Messages : 510 Réputation : 40 Date d'inscription : 19/04/2010
| Sujet: PROJET 4 :La nouvelle Activités de langue:Lesfigures de style Ven 30 Avr - 17:08 | |
| iveau :3 As Projet III : Séquence n°1 : introduire le fantastique dans un cadre réaliste Vocabulaire : - La comparaison - La métaphore - La personnification Objectifs : - identifier les comparaisons -distinguer le comparé du comparant - identifier la métaphore, la personnification. -dégager le rôle de la comparaison de la personnification dans le récit fantastique. Exercice n°1 : - Observez les phrases suivantes : - Quel est le comparé ? (ce qui est comparé) - Quel est le comparant ? (ce à quoi ou compare) - Quel est le moyen de comparaison ? - Citez d’autres moyens de comparaison (comme -semblable à- pareil à- ainsi -tel ressembler à -on aurait dit…) - Indiquer le point de ressemblance entre ces éléments. 1-« il me semble que je voyais la main, l’horrible main, courir .comme un scorpion ou comme une araignée le long de mes rideaux et mes murs » 2-« … des traces de sang ancien, de sang pareil à une crasse… » Exercice n°2 : complétez les expressions suivantes à l’aide des mots suivants : Pie-singe-âme-paon-oie-renard. 1)- malin comme un … 2)- bête comme une … 3)- bavarde comme une.. 4)- rusé comme un … 5)- vaniteux comme 6)- tete comme un … La métaphore / la personnification Exercice n°3 : observez la les phrases soulignée - Quel est le verbe employé ? - Est-il commun d’employer le verbe « galoper pour un objet ? » Trois fois, je me réveillai, trois fois je me rendormis, trois fois je revis le hideux débris galoper autour de ma chambre en remuant les doigts comme des pattes. Réponse attendue … le mot « débris » qui désigne une chose, un objet est personnifié c’à -d une chose, comparé à un être vivant (Ds. Le texte, le cheval)
Exercice : Relevez dans les textes étudiés des personnifications. Réponse : « de grandes fleurs jaunes couraient sur l’étoffe sombre » paragraphe 3 p177 -« une chose étrange me tira l’œil » paragraphe 4 p.177 -« une petite ville blanche couchée au bord d’un admirable golf » paragraphe 1 p.174 - la métaphore : rapproche deux éléments de façon implicite. (la comparaison est sous-entendue) Ex : « Il se mit à rire tout à fait d’un bon rire de gros anglais » (métaphore) Il se mit à rire tout à fait comme les gros anglais (comparaison) Exercice : en vous aidant du dictionnaire expliquez les métaphores suivantes : 1- C’est une vraie fourmi 2- C’est une vraie poule mouillée 3- C’est un vieux rossignol 4- C’est une vraie tortue 5- C’est un vrai cheval de labour Réponses attendues : 1- Personne laborieuse, économe 2- Personne poltronne, lâche 3- Livre invendu, sans valeur (qui reste perché dans les rayonnages comme le rossignole dans l’arbre) 4- Personne très lente 5- Personne obstinée, infatigable
A retenir : Comparaisons, métaphores et personnifications sont des figures de style qui permettent de mettre en valeur des propriétés et de frapper l’imagination | |
| | | Nedjma Admin
Messages : 510 Réputation : 40 Date d'inscription : 19/04/2010
| Sujet: un texte pour la nouvelle fantastique Lun 3 Mai - 18:50 | |
| Je me souviens encore du jour où elle est arrivée à la maison. C'est le jour où ma petite sœur a dit « ma » pour la première fois. Il la lui ont achetée pour la récompenser de ce premier mot. Dès que je l'ai vue, j'ai senti qu'elle était méchante. Non seulement cette poupée de chiffon était la plus laide que j'aie jamais vue, mais les boutons qui étaient ses yeux brillaient d'une haine féroce. — Qu'est-ce qu'il y a ? Tu ne vas pas être jalouse, me demanda maman en me voyant grave et silencieuse. — Non, c'est simplement que… Elle est si vilaine. Elle a un œil plus haut que l'autre, elle n'a pas de nez, et sa bouche tordue ne se ferme pas complètement… On dirait qu'elle a des dents aiguisées. Et pourquoi ses cheveux en filasse sont-ils si emmêlés et sales ? Et cette couleur verte ! Papa riait : — Tu exagères ! Elle n'est pas si vilaine ! Ou plutôt sa laideur fait partie de son charme. De plus, elle plaît à ta sœur, et c'est pour elle. La prochaine fois que tu apprendras quelque chose de nouveau, nous t'achèterons un jouet à toi aussi. D'accord ? Alors, mes parents ont considéré que la discussion était close. Ils ont mis ma petite sœur dans son parc et se sont assis devant la télé. C'était mon programme préféré, mais je ne pouvais pas me concentrer ; il m'était impossible de détourner mon regard de la petite qui embrassait et cajolait cette horrible poupée à laquelle je ne faisais aucune confiance. Je suis allée dans ma chambre et j'ai choisi la plus jolie Barbie que je possédais. Je suis vite redescendue et ai essayé de la substituer à la vilaine poupée. Ma sœur s'est mise à pleurer. Maman s'est immédiatement approchée et m'a brutalement arraché la Barbie des mains. — Est-ce que je t'ai pas dit que ces poupées ne conviennent pas pour une enfant aussi petite ? Qu'est-ce que tu veux ? Faire du mal à ta petite sœur ?
Il se trouve que depuis sa naissance nos parents ne cessaient pas de me demander quels étaient mes sentiments pour elle, si je ne pensais pas qu'ils m'aimeraient moins quand je ne serais plus le bébé de la maison… Et plus je tentais de leur expliquer que j'étais très heureuse de ne plus être seule et d'être la grande sœur, plus ils semblaient découvrir dans chacun de mes faits et gestes les signes cachés de ce que devaient être mes véritables sentiments. « Il est normal d'être jalouse », répétaient-ils. Pourquoi faisaient-ils tant d'histoires ? C'est ainsi que toutes mes tentatives pour me défaire de cette poupée ont été interprétées comme une volonté d'attirer l'attention ou comme une haine refoulée, ou je ne sais quoi d'autre. Si bien qu'ils m'ont emmenée chez le médecin. J'ai essayé d'expliquer à celui-ci, comme je l'avais fait pour mes parents, que cette poupée avait quelque chose de malsain et que, j'en étais persuadée, elle finirait par faire du mal à ma petite sœur. La preuve en était les petites griffures qui apparurent mystérieusement sur son corps à peine étais-je rentrée à la maison. Et, bien entendu, je n'en étais pas la cause. Bien sûr, le médecin (comme les autres) les attribua à ma grande imagination et ajouta que les griffures étaient tout à fait normales chez un tout petit qui fait connaissance avec le monde. Il dit encore qu'il me trouvait un peu crispée, mais qu'il n'y avait pas de motif de s'alarmer. Il m'interdit de regarder autant la télévision. (Surtout les programmes violents, dit-il. Et il faut se méfier des bandes dessinées, certaines sont assez agressives.) Et il me prescrivit des comprimés pour me détendre et mieux dormir. À la première prescription, j'ai dû me résigner, mais n'ai pas accepté la seconde. Maman me fourrait le comprimé dans la bouche et, dès qu'elle ne faisait plus attention, je le crachais. Heureusement. Sans quoi je n'aurais pas été réveillée cette nuit-là.
J'ai été réveillée par un bruit étrange provenant de la chambre de ma sœur. C'était comme si l'on avait traîné un objet dehors, à travers l'étage. Je me suis levée et, en veillant à ne pas faire de bruit, je me suis dirigée vers l'endroit. C'est alors que mes soupçons se sont confirmés. La poupée était sur la poitrine de ma sœur, sa bouche répugnante exagérément ouverte, montrant ses crocs énormes et pointus. On aurait dit qu'elle absorbait le souffle du bébé qui, pendant ce temps, dormait innocemment. Ses petites lèvres prenaient une teinte violacée. J'ai crié, j'ai bondi jusqu'au berceau et, d'un coup, j'ai lancé la poupée contre le mur. Ma sœur s'est réveillée brusquement et, désespérée, s'est mise à pleurer. Nos parents se sont précipités dans la chambre. C'est leur expression d'horreur et d'incompréhension qui m'a surtout blessée. Bien sûr, ils n'ont pas cru à mon histoire. Je suis allée voir le médecin deux fois par semaine au lieu d'une fois, et ils ont engagé une garde d'enfant qui devait nous surveiller constamment et qui, en outre, devait coucher dans la même chambre que ma sœur. Par égard pour moi, sans doute, ils me dirent que cela n'avait rien à voir avec l'épisode de la nuit, mais que le médecin avait trouvé le poids de la petite insuffisant pour son âge et qu'elle lui avait parue assez fatiguée. À aucun moment, ils n'ont pensé établir un lien avec l'arrivée de la poupée. Ils croyaient probablement que j'étais plus ou moins en cause. Quoi qu'il en soit, la présence d'Ana à la maison a été pour moi un soulagement. Si le bébé ne restait pas seul, la poupée ne pouvait pas lui faire de mal.
Toutefois, le calme n'a pas duré. Mes parents étaient allés au théâtre ce soir-là. Ana nous a préparé à manger puis s'est mise à regarder la télévision avec moi, tandis que ma sœur jouait dans son parc. Ana trouvait que le médecin et mes parents exagéraient en ce qui concernait mon "problème" de sorte que, dans toute la mesure du possible, elle contrevenait aux consignes. Nous étions presque complices. Pas plus que moi elle n'aimait la poupée et elle la laissait dans la chambre à la première occasion. Elle était plus forte que moi quand il s'agissait de convaincre ma petite sœur de changer de jouet. Tout à coup, le téléphone a sonné. Ana a répondu comme si elle avait attendu l'appel. C'était son amoureux. Il était dans l'armée et avait une permission ce soir-là. Il souhaitait la voir, et elle a dit oui. Elle a sorti la petite de son parc et l'a placée à côté de moi. — J'ai quelque chose d'important à faire. — Tu vas voir ton amoureux ? Pourquoi est-ce qu'il ne vient pas ici ? — Parce que… dit-elle, un peu gênée – il n'aime pas les enfants. Tu comprends ? Je n'en ai que pour quelques minutes. — Maman a dit que tu ne peux pas nous laisser toutes seules, ai-je répondu, inquiète. Ana soupira et regarda le plafond en secouant la tête : — Oui, cette idée stupide que tu vas faire du mal à ta petite sœur... Écoute, tu ne dois pas t'occuper de ces sottises, me dit-elle en prenant mon visage entre ses mains. Tu es gentille et responsable. J'en ai pour quelques minutes, je te le jure. J'ai sorti la petite de son parc, comme ça tu pourras t'occuper d'elle si elle a besoin de quelque chose. Nous ne voulons pas que tu te fasses mal en essayant de la sortir de là, n'est-ce pas ? Et, disant cela, elle se leva, prit son sac pour se diriger vers la porte. — Mais celle-là peut lui faire du mal ! Ana s'arrêta pile et se tourna vers moi : — Ah, oui ! L'histoire de cette horrible poupée... Elle se mit à me parler sur ce ton ridicule, faussement cérémonieux que prennent les adultes pour s'adresser aux enfants, comme si nous étions idiots : — Il n'y a rien à craindre. Elle est dans la chambre. Elle ne peut pas descendre l'escalier et ta sœur ne peut pas le monter ; les barrières de sécurité les en empêchent. Maintenant je vais simplement au café du coin. Rien que cinq minutes, promis. Qu'est-ce qui peut se passer en cinq minutes ? S'il te plaît. Porte-toi bien ! Je ne serai pas longue. Pour la première fois, je me suis rendue compte du danger qu'il y a à ne pas respecter les consignes.
Dès que la porte s'est refermée, les murmures ont commencé. J'ai décidé de les ignorer et me suis mise à jouer avec la petite. Ensuite, ce n'était plus des murmures qui se faisaient entendre, mais très nettement son nom. La poupée l'appelait. Ma sœur a commencé à ramper vers l'escalier. J'ai couru vers la sortie et j'ai ouvert la porte pour voir si Ana n'était pas dans les parages, mais je ne l'ai vue nulle part. D'ailleurs, j'ai eu l'impression que toute la rue était déserte. Quand je suis revenue dans le salon, ma sœur était parvenue au milieu de l'escalier. Comment avait-elle fait pour ouvrir la barrière ? Je suis montée précipitamment. L'autre barrière était ouverte elle aussi. J'ai eu peur, très peur. J'ai essayé de la convaincre de descendre. Je n'osais pas la porter dans mes bras, j'avais peur qu'elle m'échappe. Je ne pouvais pas la tenir. Comment l'aurais-je pu quand je n'avais que six ans ? Mais j'ai essayé de toutes mes forces, je pleurais, je la suppliais, je lui promettais des tas de choses. J'ai essayé, je jure que j'ai essayé. Nous sommes arrivées à la porte de la chambre. La poupée continuait à l'appeler. J'ai décidé d'entrer et de l'éloigner. J'ai allumé la lumière. J'ai parcouru toute la pièce sans la rencontrer. — Qu'est-ce que tu veux ? Qu'est-ce que tu cherches ? Pourquoi veux-tu faire du mal à ma petite sœur ? Dans la chambre régnait un silence total. Alors je le lui ai dit, et cela venait du fond du cœur. Oui, vraiment du fond du cœur : — Ne lui fais pas de mal, je t'en prie ! Prends-moi ! Ce que tu veux faire, c'est à moi qu'il faut le faire ! —La porte se ferma derrière moi, et un coup violent à la tête me fit perdre connaissance pendant je ne sais combien de temps. Quand je suis revenue à moi, la chambre était si obscure que je ne distinguais rien. La terreur s'empara de moi. Etait-elle morte ? Alors, c'était ça ? La poupée m'avait échangée contre ma sœur ? Et qu'était-il advenu de ma… — Petite sœur ?
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— C'est un cas très curieux, expliqua le chef du service de psychiatrie à la jeune interne. Cela fait huit ans qu'elle est ici et elle ne fait apparaître aucun changement. Elle s'en tient à son histoire qui reste aussi cohérente que le premier jour, et elle paraît toujours aussi sincère quand elle parle de l'amour qu'elle porte à sa sœur. Pour elle, tout s'est passé exactement comme elle le rapporte. C'est sa réalité. La jeune femme observait par la vitre de la porte l'adolescente assise sur le sol et qui berçait en permanence une poupée de porcelaine. — Et cette poupée ? D'où sort-elle ? — C'est aussi un mystère. Personne ne le sait. Les parents n'ont jamais acheté ce genre de poupée. Les deux enfants étaient beaucoup trop petites pour un jouet aussi délicat. L'apparition de cette poupée est aussi mystérieuse que la disparition de la poupée de chiffon et de la petite. La police n'a jamais retrouvé le corps. Mais… tout laisse à penser qu'elle est morte.
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Je ne savais pas ce qu'elle voulait, je ne savais pas comment te défendre. Je ne pouvais pas imaginer que ce qu'elle voulait, c'était jouer avec toi pour toujours dans son monde. Et maintenant tout ce qui t'unit à nous, c'est ce corps de porcelaine. Peut-être existe-t-il un moyen de te faire revenir. Peut-être trouverai-je la façon de te libérer de ta prison de porcelaine. Tant que tu restes entière, tant que tu ne te casses pas, tu pourras peut-être revenir. II faut que je trouve le moyen, il le faut. En attendant, ne t'inquiète pas, petite sœur, je te protégerai, je te protégerai…
FIN
Tanya Tynjälä est née au Pérou et vit aujourd'hui à Helsinki où elle travaille comme professeur de langue et culture à l'École Polytechnique depuis 2003. Elle a fait ses études à l'École Normale de Lima, à l'Université Stendhal - Grenoble 3 (Maîtrise en FLE) et prépare actuellement son doctorat en philologie française à l'Université de Helsinki | |
| | | Invité Invité
| Sujet: merci Mar 4 Mai - 21:35 | |
| MERCI nedjma pour les éxercices .Ils tombent au bon moment |
| | | Nedjma Admin
Messages : 510 Réputation : 40 Date d'inscription : 19/04/2010
| Sujet: Texte support : La nouvelle fantastique Mer 5 Mai - 13:02 | |
| En voici un autre support pour la nouvelle fantastique Seignolle : LE MIROIR
Elle arriva seule, au volant d'une luxueuse conduite intérieure. Le gardien de la villa l'attendait, impatient depuis des heures, la guettant dans la grisaille de ce crépuscule de décembre. Le vent d'hiver lacérait de plaintes agressives cette petite ville balnéaire des Côtes-du-Nord, déserte et d'allure méchante comme en affectent les lieux aigris par l'abandon saisonnier. Elle descendit la vitre et se fit connaître. Sa voix était douce, harmonieuse, mais feutrée par une grande tristesse. Elle demanda aussi qu'il l'excusât. Troublé, aimable à contrecœur, le gardien répondit qu'attendre faisait partie de son métier, il en avait l'habitude ; qu'il n'y portait plus attention. Et il s'empressa de lui ouvrir la portière. Mais, en voyant sortir l'arrivante, il fut saisi de méfiance : si elle était majestueuse, bottée de daim, couverte d'une riche fourrure dont la houppelande lui recouvrait la tête, son visage, presque entièrement dissimulé sous un châle noir, ne laissait entrevoir que ses yeux, éperdument fixes et absents. Pour lui, les gens qui louaient une villa d'hiver et désiraient rester seuls cachaient toujours un trouble besoin d'isolement ; aussi cette femme, se masquant déjà le visage, devait-elle avoir pires raisons que les autres. Elle n'apportait qu'une valise de cuir, somptueuse, qu'il prit, la sentant plus lourde que son contenu. Cela ajouta à ses soupçons. Elle le suivit, lasse. Dans l'entrée, il appuya sur le commutateur, mais un court-circuit acheva le bref éclat de l'ampoule. Irrité, il frotta son briquet et descendit à la cave où se trouvait le compteur. Là, il eut beau manœuvrer, le courant ne revint pas : I'humidité rampante avait une fois encore vaincu les fusibles. – Je vais aller prévenir l'électricien, dit-il une fois remonté. Cette panne lui permettait de partir et de retrouver avant tout la paix du dehors, certes noyée dans le crachin glacé, mais bien plus tranquillisante que le silence envahissant de l'Inconnue. I1 acheva toutefois son travail. Trouvant une bougie, il l'alluma et abrégea la présentation du rez-de-chaussée, bien que ce fût son plaisir d'initier les nouveaux venus au labyrinthe des pièces. Ensuite, il reprit la valise et monta l'escalier conduisant à la chambre.
L'Inconnue suivait, lointaine dans son halo de tristesse, mais si proche, là, sur ses talons, qu'il se forgea un étau de menaces et s'y enserra jusqu'à peiner pour franchir les dernières marches. Enfin, il se raisonna et entra vivement dans la chambre qu'un feu de bois assoupi caressait d'une lueur paresseuse. Il s'empressa de le secouer à coups de tisonnier, comme on passe son dépit sur l'échine d'un animal endormi à sa besogne. Des pétillements hargneux craquèrent, qu'il recouvrit de bûches nouvelles. Lâchées à leur faim, les flammes se dressèrent et s'ébrouèrent de leurs escarbilles, jetant partout dans la pièce une clarté agitée. – Ce feu va vous éclairer... Le lit est fait... Si vous désirez une autre couverture ?... disait-il, entre les soufflées qu'il versait dans la cheminée, telles des bolées de pétrole. Ainsi s'efforçait-il d'écarter de lui cette gêne croissante que la femme répandait, comme, de certaines fleurs inquiétantes, émane un parfum sournois qui paralyse à leur approche. Il s'accrocha à vanter la vie qui, en été, animait cette demeure et le pays, présentement si vide. – C'est une maison de jeunes... Il faut l'imaginer à la belle saison... entendre rire ces enfants... les voir danser !... Et les déguisements... les mascarades !... Ah... ce n'est pas un endroit qui accepte l'hiver... Ça jamais ! Assise sur le bord du lit, fixant les flammes, l'Inconnue l'écoutait-elle ? Il comprit que non. Après avoir soudé la bougie dans un endroit propice, il partit sans qu'elle tournât la tête.
Alors, sur le mur, l'ombre de la femme se voûta soudain. Elle se laissa doucement sangloter pendant que ses doigts effleuraient son visage d'étoffe à la façon de quelqu'un qui hésite à caresser la face d'un autre. Elle suivit le contour de son menton ; s'attarda à ses joues, évita de toucher son nez et ses oreilles comme s'ils étaient fragiles : partout où à la suite de ce cruel accident, elle se sentait un horrible masque façonné avec d'inégaux morceaux de chair découpés, pris ailleurs sur son corps et apiécés, soudés là afin de la rendre à peu près supportable. – Ils m'ont dit que mes traits revivront... Ils m'ont affirmé que je reviendrai telle qu'avant ! Mais pourquoi ont-ils parlé de miracle ?... Elle se leva, alla à la fenêtre qu'elle ouvrit. Un long doigt de vent siffleur entra, qui s'empressa d'effeuiller le reste du calendrier, décollé par l'humidité, arrêté à septembre, rattrapant le temps passé ; prêt à achever aussi vite, si on le lui donnait, celui d'une entière vie humaine.
Ils ont figé mes lèvres... cousu mes joues... mon nez... je le sens bien... Ils ont fait de moi une morte vivante, obligée de se fuir... de fuir vainement cette autre dont je ne veux pas... Que tout était hostile et noir pour Elle, la Magnifique ; le soleil de millions d'admirateurs qui, en ce moment même, partout dans le monde, étaient émerveillés par la grâce de son corps souple et exaltés par l'incomparable beauté de son visage, inlassablement répété sur les écrans. Elle, venue se cacher ici, avec cette nouvelle Elle, incrustée dans sa chair et inséparable, mais encore ignorée. On ne la lui montrerait que dans un mois ; le temps pour la chance : celui pour s'accoutumer au pire. Mais elle ne pouvait plus attendre ; elle voulait savoir tout de suite, là où, autrefois, petite fille, elle passait ses vacances insouciantes : enfant vive et gaie, déjà si belle avec ses longues nattes blondes... Si jolie avant !... Avant ! Ô Mon Dieu ! seriez-vous parfois impitoyable à ce point ! Décidée au supplice de la vérité, elle chercha un miroir. Sur le panneau supérieur d'une porte sans poignée, il l'attendait... Les flammes du foyer, écorchées par le courant d'air, l'éclairaient, alternant ombres et clartés ; juste ce qu'il fallait pour qu'elle ne s'y discernât pas trop. Elle jeta sur le lit sa lourde fourrure, et, s'approchant du miroir, enleva le châle posé sur le bandage clair, son troisième et momentané visage : heaume de coton juste fendu d'un trait hostile par où elle restait encore à peine liée au monde. Et, déroulant, elle commença à se délivrer au risque de mieux se torturer. Son courage cessa lorsqu'il ne resta plus que quelques tours. Elle s'arrêta et ferma les paupières aussi fortement qu'elle serra ses poings, pour, soudain, frapper cette glace qui, cynique, attendait de la détruire. Frappant à la briser, elle n'eut pas à finir d'ôter le bandage : il tomba de lui-même, la laissant avec une sensation de nudité jamais encore ressentie. Elle regarda fort et se vit !... Ou, plutôt, elle vit celle qu'ils avaient faite d'elle : ce visage de chairs couturées et inégalement fondues ensemble, sillonnées de rides profondes... monstrueuse vérité qu'elle fixait, hébétée comme si ce spectacle était sa plus belle réussite de comédienne. Enfin son regard se voila d'un opaque désespoir. Alors, elle qui vénérait la mer, n'eut qu'à la rejoindre et la prendre pour tombe. De traverser, solitaire, la plage abandonnée, en d'autres temps couverte d'une foule de baigneurs heureux, ne lui fut même pas pénible puisque, déjà, au temps de son enfance, elle avait une fois commencé à se noyer là-bas, vers les récifs... Maintenant, quinze ans après, il ne lui restait plus qu'à achever. Mais, n'était-ce pas accompli ! N'était-elle pas morte, puisque sa beauté avait été sa vie !
Lorsque le gardien revint avec l'homme de l'électricité, celui-ci rétablit aussitôt le courant. Ensuite, ils montèrent prévenir la locataire qu'elle pouvait en user. Le gardien frappa à plusieurs reprises, mais, n'obtenant pas de réponse, étonné, il se risqua à entrouvrir la porte. La chambre était vide ; la fenêtre large ouverte. Ils entrèrent et éclairèrent. Ni le lit, ni la valise n'avaient été défaits. La fourrure de l'Inconnue gisait sur le lit. Apercevant alors le châle tombé à terre, entremêlé avec une longue bande à pansement, le gardien alla les ramasser et, s'étant relevé face au miroir, il poussa un tel cri d'effroi que son compagnon en resta saisi sur place. Dans la profondeur du miroir gui était redevenu simple verre transparent en perdant son tain, tombé par larges plaques, sans doute à la suite de chocs, se voyait horriblement net, sans méprise possible, un visage de cadavre, verdâtre et tailladé ; en état de décomposition... effroyable révélation d'un crime resté caché là ! Enfin, s'étant ressaisis, poussés par le courage des curieux, ils réussirent à forcer la porte au miroir. Un étroit placard, ignoré du gardien, se trouvait derrière. Ce dernier regarda à l'intérieur et sa répulsion disparut aussitôt. Ça alors ! s'exclama-t-il, sourdement. Et, tendant son bras sans crainte ni dégoût, il décrocha d'une patère un mannequin de grande taille, gonflé de varech et vêtu d'étoffes moisies... . Quant à ce réaliste masque de carton qui lui servait de visage d'un autre monde et arrivait jusqu'à la hauteur du miroir, souvenir d'une époque où Carnaval s'accommodait généreusement de toutes les laideurs, il tomba à terre avec une légèreté de feuille morte.
À l'aube, la mer descendante, rageuse de houle, abandonna par force son corps entre les récifs jaillis sur la plage immense et blême. Des ramasseuses de coquillages l'aperçurent de loin, comme crucifiée, semblable à une géante étoile de mer. Elles s'approchèrent et virent que c'était une svelte Étoile humaine, noyée de mer, posée à plat ventre sur la pierre coupante. Des pêcheurs accoururent et dégagèrent son pied nu, blessé, pris entre deux roches. Ils la retournèrent, l'allongeant sur le dos. Aussitôt les femmes s'agenouillèrent, poussées non seulement par le respect dû à la mort, mais par la poignante émotion qu'elles ressentirent en découvrant sur ce visage la beauté surpassée jusqu'à l'impossible... À leur tour, béret en main, les hommes se figèrent, saisis par une vertigineuse sensation de Divinité. Et tous ceux qui vinrent ensuite furent, l'un après l'autre, frappés d'émerveillement. – ... Elle... Elle ressemble ! osa enfin quelqu'un. Elle ressemble à... à celle qu'on voit au cinéma... – Oui, peut-être, lui répondit-on dans un murmure de vénération... mais celle-là est encore plus belle !
Claude Seignolle, Histoires étranges Éd.Marabout | |
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