Le blues du cafard
Permettez-moi Messieurs
De vous conter ce soir
L’histoire saugrenue
D’un tout petit cafard
Que j’ai un jour trouvé
Caché dans mes dentelles
Que je voulais chasser
A grands coups de pelle.
Mais le petit futé
Etait bien plus rapide
Nous étions tous les deux
Apeurés et stupides.
Il alla se cacher
Derrière le vaisselier
Je n’étais pas tranquille
Je ne cessais d’ hurler.
Il était, ici, là
Partout je le voyais
Il envenimait mes jours
Empoisonnait mes soirées.
Et c’est dans ma mémoire
Qu’il vint s’installer
Grignotant chaque jour
Un bout de sérénité.
En ne pensant qu’à lui
Ma vie a bien changé
Et du petit Eden
Elle en fut transportée.
A cause de cette bête
Sans cesse j’accumulais
Des heures de tristesse
Et de morosité
Jusqu’au jour où
De mes tourments lassés
Il décida tout seul
Qu’il fallait me quitter
Attiré par le son
Langoureux d’une musique
Mon cafard se mit
Au balcon pathétique
Ses larmes noyèrent
Mes peines et mes déboires
Elles arrosèrent alors
Les fleurs de l’espoir.
Une petite note monta
Se mit sur ses genoux
Lui caressa le front
L’embrassa sur la joue.
Le cafard soupira
Et sanglota encore
Puis il serra la note
De plus en plus fort.
Ils s’élevèrent ensemble
Dans une valse mondaine
Et annoncèrent leurs noces
Aux gueux et aux reines.
Le cafard et la note
Se marièrent enfin
Emportés par les flots
De ce joli refrain.
Lorsqu’il lui demanda
Quelle est cette musique douce
Elle répondit toute fière
Qu’elle s’appelait le blues
Et depuis ce jour,
Le blues et le cafard
Bercent la monotonie
Du fond de nos mémoires.manouch (ryma) extrait de mon recueil en préparation