LA NOUVELLE FANTASTIQUE
1. Structure de la nouvelle
Une nouvelle = une œuvre en prose généralement brève, un récit court, qui présente plusieurs caractéristiques particulières :
elle met en scène un petit nombre de personnages, rapidement mis en situation.
l’histoire prend pour cadre la vie quotidienne (inscription immédiate et précise du cadre spatio-temporel) et contient un fait singulier, qui bouleversera la vie du personnage central
elle contient peu de descriptions ; celles-ci sont rares, suggestives ou au contraire démonstratives, se limitent à ce qui est indispensable à l’histoire ; on s’attache à décrire surtout une caractéristique particulière, importante pour la diégèse et qui pourra être sujet à développement.
Car les notations descriptives peuvent être fondamentales, par exemple dans une nouvelle fantastique dans laquelle le narrateur décrira un objet/être/paysage incroyable, inhabituel
le rythme narratif est rapide, l’action généralement unique, intense ; l’action s’organise autour d’un événement apparemment banal (qui prendra, au cours du récit, des proportions inattendues) ou d’emblée extraordinaire.
La nouvelle se déroule dans un temps relativement court, peut comporter des ellipses temporelles (épisodes qui ne se rapportent pas directement à l’action principale éliminés) ; le récit est condensé, les actions concentrées.
Le rythme est souvent lent au départ, puis s’accélère jusqu’à la chute.
Rythme soutenu (gradation, crescendo, crise), minuté (pauses, relances, accélérations, effets de surprise, coups de théâtre).
les actions de la nouvelle tendent toutes vers une chute inattendue, qui provoque la surprise du lecteur ; la fin peut produire un effet comique, tragique, effrayant ...
le héros a un caractère nuancé (hésitations, doutes...) et traverse des épreuves qui peuvent changer sa vie (destin du héros est souvent en jeu), ou au contraire est un simple type littéraire. Caractérisation sommaire voire lacunaire.
Le dialogue, dans une nouvelle, inscrit les personnages dans une réalité sociale, leur donne vie mais permet aussi de faire avancer l’action avec rapidité, tout en mobilisant l’intérêt du lecteur.
Il s’agit donc d’un récit de longueur variable (mais toujours plus court que le roman) ayant peu de personnages et de descriptions, dont l’action, d’une grande tension, est très concentrée. L’histoire en est vraisemblable ( Merveilleux) ; on pourrait comparer la nouvelle à « l’expression artistique d’un fait divers ».
2. Structure narrative de la nouvelle
La nouvelle saisit une tranche de vie. L’action y est concentrée autour d’un événement et le rythme narratif rapide (d’où de fréquentes ellipses). Le récit est efficace, sobre.
La structure narrative de la nouvelle est donc généralement simple. La situation initiale est rompue par un élément modificateur : il s’agit souvent d’un fait apparemment banal dont les conséquences seront graves et inattendues.
Dans une nouvelle, les événements sont présentés le plus souvent dans l’ordre logique et chronologique des faits, lesquels s’enchaînent rapidement pour aboutir à une situation de crise. Tout le récit se focalise sur la résolution de la crise et conduit le lecteur sur la piste d’un dénouement (parfois sur une fausse piste).
Le narrateur peut intervenir pour exprimer son jugement sur les événements ou prendre le lecteur à témoin.
La nouvelle se termine sur une chute brutale, qui laisse généralement le lecteur déconcerté et lui donne à réfléchir sur le sens de certains événements.
RQ : 1. Temps de la narration d’une nouvelle : essentiellement le passé simple et l’imparfait.
2. Récit enchâssés fréquents.
3. Le fantastique : mouvement littéraire
Mouvement littéraire moderne, apparu au début du XIXè siècle. Sa naissance et son développement coïncident avec la déperdition des croyances et du merveilleux traditionnels, au profit des modes de perception et de connaissance du monde instaurés par l’esprit scientifique.
Tout en prenant acte de cette évolution qui pratique l’incrédulité et la mise à l’écart du surnaturel au nom de la raison triomphante, un mouvement littéraire, essentiellement romantique, orchestre une forme de réaction : la tendance est au renouveau de l’irrationnel, à la réhabilitation de l’art du conte. D’où la volonté des écrivains participant de ce mouvement d’enjamber une siècle de rationalisme pour retrouver des états anciens de sensibilité et de croyances.
Le XIXè siècle apparaît aussi comme une période intense de création et d’innovation (Gautier, Poe, Mérimée, Villiers de l’Isle-Adam...). Les auteurs ne perdent pas de vue le contexte dans lequel ils écrivent, mais mettent en perspective une forme de « merveilleux ». Dans cette optique, le texte fantastique trouve une singularité : il établit une tension entre l’ancien et le nouveau, entre des survivances archaïques et le présent, entre la persistance de phénomènes que les données scientifiques réfutent, l’inexplicable, et le monde référentiel qui sert de cadre naturel.
polarité représentation mimétique / affirmation d’une réalité non mimétique qui engage la fiction sur la voie de l’irrésolution et de l’expérience de l’impossible.
Précurseur : le roman gothique (transposition horrifique d’événements surnaturels surgis du fond des âges, avec explications à la fin) ; mais dans le fantastique, pas de « retour à la normale » final.
Tournant XIXè-XXè siècles : affirmation de la psychanalyse influence sur le fantastique psychologique.
Dans le monde contemporain envahi par le mal urbain qu’est l’indifférence ou la négation de l’individu, le fantastique de la solitude est insistant.
Évolution : le fantastique évolue en s’intériorisant. L’inquiétante étrangeté/familiarité et la subjectivité s’amplifient.
Thématiques : dualité, états transitoires, brouillage entre vie/mort, quotidien/surnaturel, rêve/réalité, raison/folie ...
R.Q. : Le fantastique Merveilleux ou Science fiction, lesquels proposent des « univers parallèles », tandis que l’étrange, dans le fantastique, fait corps avec le réel, se confond avec la réalité (comme une sorte d’option narrative), pour se dévoiler progressivement, sans que le mystère soit jamais résolu.
4. Structure narrative : spécificité de la nouvelle fantastique
Qu’il vise l’indétermination (A) ou la monstration (B), le fantastique produit un récit à effets. D’où travail narratif conséquent suggérer l’inadmissible dans un cadre référentiel tout en soulignant la facture impossible de ce qu’il insinue ou montre.
A. Écriture de la duplicité, qui pose le problème de l’authenticité du récit et inscrit au cœur du texte le doute (exprimé/latent) quant à la nature de l’événement surnaturel
1. La technique du récit enchâssé : convoquer un récit second dans un récit-cadre (manuscrit trouvé, histoire racontée à une assemblée ...) la confrontation des 2 temps et des 2 camps de protagonistes aboutit souvent à la dramatisation de l’incertain.
2. La narration à la première personne (journal, confession, correspondance) : elle focalise l’attention sur la caution à accorder ou pas au récit, étant donné le statut même de son auteur. L’espace du doute et de la suspicion est ménagé par :
– l’identification du narrateur au protagoniste (du je au il),
– la proximité entre commentaires sur les faits et l’histoire des faits,
– la représentation des événements partagée entre la restitution quasi clinique et l’énonciation subjective.
Triomphe du fantastique psychologique (celui du point de vue perturbé/perturbateur).
B. Écriture visant à montrer un phénomène : absence de causalité patente. Violence, étalage monstrueux, irrationnel, innommable l’emportent chaos généralisé.