Eepad réalise son premier partenariat public-privé en
Tunisie
par Abdelkader Zahar
En attendant de régler son différend commercial, qui date de 2009, avec Algérie Telecom, l'ex-provider Internet privé, Eepad, a conclu un partenariat public-privé (PPP) avec le ministère tunisien de l'Education nationale. Le PPP, une promesse algérienne qui tarde à se concrétiser dans les TIC, est réalisé avec un département ministériel tunisien, dans le cadre duquel l'Eepad exportera "Tarbiatic", son programme de e-learning. Cap sur le PPP Maghreb.
Eepad a signé un protocole d'accord avec le ministère de l'Education de la Tunisie pour la «production numérique du contenu pédagogique». «Nous allons commencer l'école numérique Maghreb, grâce à Tarbiatic, à partir du mois de septembre en Tunisie», affirme Nouar Harzallah, PDG d'Eepad. Cette formule Tarbiatic sera, bien évidemment, réalisée sur la base du programme scolaire tunisien. «Une équipe d'Eepad s'est déplacée au Centre national des ressources pédagogiques en Tunisie, pour la production de ce contenu numérique. Tarbiatic sera adapté à leur programme scolaire, notamment dans la partie lycée où l'enseignement est dispensé en langue française. Toute la plateforme numérique sera opérationnelle d'ici la fin septembre, avec notamment la partie terminaux informatiques de type notebook», ajoute M. Harzallah. Il précise que la plateforme «sera testée pendant quelques mois» au bout desquels une «consultation restreinte» sera lancée par la Tunisie. Et pour laquelle Eepad sera bien positionnée puisqu'elle a conçu toute la partie Tarbiatic, soumissionnera pour décrocher le marché définitif.
«Quand on parle de pédagogie, ce n'est pas comme n'importe quel autre produit de la technologie qu'on met sur le marché. Il faut d'abord l'expérimenter avec de le lancer réellement. Dans tous les cas, pour l'encadrement et les ingénieurs d'Eepad, c'est une expérience inédite qui a permis de montrer les compétences de la société, et d'adapter le projet Tarbiatic à l'international, après l'avoir rendu opérationnel en Algérie depuis plusieurs années», confie le PDG de la société. Harzallah espère conclure des marchés similaires dans d'autres pays du Maghreb et même en Afrique.
Quant à son projet d'Assilabox II, qui a connu quelques retards par rapports aux délais annoncés il y a six mois, Eepad compte le lancer effectivement d'ici la rentrée sociale prochaine. Assilabox II, dont la partie software «est entièrement réalisée par des ingénieurs algériens», propose aux utilisateurs, qui disposent d'une connexion Adsl, un bouquet de services passant du e-learning, à la télévision sur Internet (sans passer par la parabole) et le cinéma à la demande. Après la «démonstration réalisée avec des opérateurs Internet tunisiens», Eepad espère conclure quelques contrats pour son service Assilabox II. Cette offre a également été testée, il y a quelques mois, sur «le réseau MSAN d'Algérie Telecom sur l'axe Bir Mourad Raïs et Mohammadia». Depuis, des «discussions ont été entamées» avec l'objectif de conclure un «partenariat commercial». Assilabox II a été testée «avec d'autres fournisseurs privés de l'Internet».
Assilabox II exporté en Tunisie et en Côte d'Ivoire
Concernant le conflit l'opposant à AT, Nouar Harzallah espère le régler en se positionnant en tant que «fournisseur de contenu» à l'opérateur historique. «Nous pouvons, par exemple, distribuer Assilabox II à travers le réseau d'AT, dans le cadre d'un partenariat commercial public-privé avec partage de revenus», ajoute le PDG d'Eepad. C'est «une des solutions» proposées pour que l'ex-provider puisse s'acquitter de ses dettes envers AT. «Nous avions un problème dans l'évaluation du montant de nos dettes. Maintenant que c'est réglé par la justice, depuis le mois de décembre 2011, nous souhaitons passer à une autre étape, celle d'un PPP commercial qui nous permettrait de rembourser nos dettes», ajoute Harzallah.
Si ce partenariat devait voir le jour, il permettra de concrétiser un tant soit peu la politique de développement du contenu local, annoncée officiellement, mais dont les contours restent encore indéfinis. «En l'absence de services Internet locaux, que fait l'internaute avec son accès Internet Adsl ? Il consomme de la bande passante internationale. Eepad veut justement se positionner en tant que fournisseur de contenu local», ajoute le PDG de la société.
Par ailleurs, et dans le cas du non aboutissement de ce partenariat public-privé avec AT, et si l'opérateur historique maintient son refus de prendre une participation au sein de l'Eepad, le PDG de cette dernière réclame «un échéancier de remboursement». «Nous souhaitons pouvoir bénéficier d'un rééchelonnement de notre dette pour pouvoir conserver les emplois et l'outil de production, voire de le développer.
Selon Nouar Harzallah le projet Assilabox II «ne restera pas dans les cartons de l'entreprise». Il est même envisagé de «le placer auprès de distributeurs privés». «Nous trouvons bien, partout sur le marché, des récepteurs de satellites. Et bien nous ferons en sorte qu'Assilabox II soit proposée à la vente auprès de distributeurs privés», ajoute notre interlocuteur. Quelque 50.000 terminaux Assilabox II seront produits dans un premier temps, dont «10.000 sont déjà dans les stocks», affirme Harzallah. «D'ici octobre-novembre, tout sera fin prêt pour la commercialisation d'Assilabox II pour le grand public», rassure Nouar Harzallah. Selon lui, quelque soit la formule retenue, que ce soit dans le cadre d'un PPP avec Algérie Telecom ou par une vente directe, à travers des distributeurs privés, l'offre Assilabox II sera sur le marché d'ici le 4e trimestre 2012. «L'usine ne peut pas s'arrêter de fabriquer, et Eepad ne peut pas s'arrêter d'exister puisqu'elle a des engagements financiers vis-à-vis des banques et envers ses clients à l'exportation.
En Tunisie, Eepad a réussi à placer son offre Assilabox II «auprès de deux fournisseurs de services Internet». «Ils ont testé Assilabox II. Nous avons apporté quelques modifications au software, selon un cahier des charges. Nous sommes en phase de déploiement, et la première expédition sera entamée début juillet, parce que ces opérateurs veulent la mettre en vente à l'occasion du Ramadan. Un accord a également été conclu avec un opérateur télécoms en Cote d'Ivoire pour l'exportation de l'offre Assilabox II.