Un hommage à son maître par L'albatros

Hommage à notre geôlier bienfaiteur :

Si j’ose écrire aujourd’hui sur l’école, c’est en grande partie grâce ou à cause de vous ! J’aurais inventé n’importe quel prétexte pour recracher ce que j’ai sur le cœur et qui vous concerne derechef !

Du temps de l’encrier et de la plume, de nos chamailleries enfantines, doucement et sûrement, vous avez su, avec la malice qui est la vôtre, nous inoculer ce virus du savoir, cette fièvre d’aller vers l’inconnu d’un pas décidé.

Je me souviens de ces petites choses qui prennent en ce moment une tout autre signification : verser le contenu de l’encrier de son voisin dans le sien, vous amusait tant que vos remontrances prenaient un aspect affectueux, voire encourageant. C’est que vous vénériez l’esprit vif et alerte. Tout geste qui montrait l’amour de l’élève pour son travail et sa classe, vous rassurait tant et si bien que vous teniez à le communiquer à tout le monde et d’une façon jubilatoire.
Il suffisait de peu pour vous rendre le plus heureux des hommes.

Votre leçon ne finissait jamais et débordait chaque fois des quatre murs de la classe. Chaque incident, chaque événement était pour vous l’occasion de le relier à une notion apprise, à un sujet débattu ou un texte discuté.
M’inviter à suivre les péripéties de « Tartarin de Tarascon » sur l’écran de votre téléviseur, du temps où cette boîte avait vraiment cette magie spéciale (vous étiez trois à la posséder au village), me comblait de joie et de fierté !
Les cours de calcul et d’arithmétique, les problèmes à résoudre, furent toujours ancrés à une situation authentique reprise de la vie réelle de vos rejetons de villageois. Le périmètre, le côté, l’aire ou la circonférence furent de tout temps ceux du champ du père, de l’aire d’abattage de son blé, ou du sillon de pommes de terre qu’il cultivait ; toutes ces choses qui nous étaient si familières ! Vous savez, cette façon de faire s’appelle maintenant le caractère social et situé de l’apprentissage.

Mais ce qui, plus que les autres, reste un souvenir indélébile est votre façon inimitable, votre voix émouvante, les circonvolutions de votre visage qui changeait avec les bouleversements de l’histoire que vous disiez si bien, d’un ton si juste que nous restions accrochés à vos lèvres !
« Fais sonner tes petits bracelets, ô Aïcha ma fille ! », disait l’un des passages du conte que vous nous racontiez et qui était pour nous, ″notre petit chaperon rouge″. Vous voyez, je ne l’ai pas oublié trente cinq ans après ! Le temps qu’il a fallu à nos bureaucrates pour vous signifier votre retraite !!... Savaient-ils le mal qu’ils vous flanquaient par ce mot terrible?

Vous qui supportiez mal la longue séparation des vacances d’été ; à tel point que vous cassiez tout dans la maison dans les scènes de ménage que vous provoquiez intentionnellement comme exutoire, surtout durant les quinze premiers jours ! Cela aussi, comme vous pouvez le constater, je l’ai su de vos enfants à travers les multiples évocations que nous avons eu à faire de vous.
Mais pour ces messieurs, étiez-vous plus qu’un simple numéro de dossier à liquider, un fonctionnaire de plus à ″remercier″ pour ses bons et loyaux services ? Pouvaient-ils un instant imaginer que vous étiez plus qu’un fonctionnaire ? Un pédagogue avec le sens le plus noble du terme, ou tout simplement un homme au service de son prochain et que vous respiriez à travers ce secours que vous portiez à votre frère, à votre fils, à votre voisin ?
Doit-on les incriminer pour ça ? Vous ont-ils vu au moins comment vous transportiez à motocyclette (les voitures se faisaient très rares) un enfant malade pour l’évacuer sur l’hôpital à des dizaines de kilomètres de là ?
Ou encore, le jour de l’examen de la sixième, comment vous accompagniez ces frêles corps sous-alimentés chez le premier cafetier de la ville pour leur payer un bol de lait et un croissant : vous vouliez qu’ils entrent (pas de concordance de temps pour vous embêter un peu dans votre si long sommeil) confiants et rassasiés dans la salle d’examen ? Un examen très dur pour vous, puisque vous restiez accroché au portail d’entrée jusqu’à la sortie du dernier élève des épreuves de la matinée, et ceci, dans le but de récupérer son brouillon (vous disiez que « ça peut toujours servir en cas de réclamation»).

Pouvaient-ils au moins deviner l’état d’exaltation qui vous prenait, chaque fin d’année, aux résultats obtenus et auxquels aucune école des grandes villes n’arrivait? Ont-ils demandé à savoir la façon par laquelle vous réussissiez à les obtenir ? A-t-on eu, un jour, la délicatesse de vous adresser des félicitations pour chaque miracle que vous accomplissiez dans l’anonymat le plus total ?

Une terrible image me pourchassera sans doute toute ma vie : le jour où, après une longue attente de la pension de retraite (était-ce vraiment cela, ou autre chose qui vous manquait ?), vous étiez entré au bureau du Directeur de l’Education pour lui demander une réintégration en tant qu’enseignant suppléant.
A sa réponse favorable, votre visage s’est éclairé et vous êtes sorti sur la pointe des pieds, transporté de joie. Ca aussi, je le sais d’un autre dévoué rappelé à Dieu et qui travaillait, en ce temps-là, comme collaborateur de ce responsable. Il s’expliquait votre joie comme la signification de la fin de vos soucis financiers. C’est qu’il ne vous connaissait pas bien. Il ne pouvait pas comprendre que la raison est tout autre !

Quelle autre faveur aurait-on pu vous accorder que celle que Le Créateur qui, dans son infinie bonté, vous a faite en vous rappelant à lui tout juste le lendemain de cette entrevue ?
Vous êtes parti dans la sérénité la plus totale, avec la pensée de reprendre du service le jour levant. C’est que les hommes tel que vous ne s’imaginent jamais loin de cette arène dans leur implacable et continuelle lutte contre l’ignorance. Leur véritable mort est le jour où ils ne sentent plus utiles à l’autre.

L’enseignement c’est aussi cette incommensurable dimension humaine qu’aucune école, aucun institut de formation ne peut enseigner. C’est cette somme de générosité désintéressée, sans contre partie que l’on ne peut communiquer si elle n’est pas authentique, profondément ancré en soi.

Merci de nous avoir appris à être soi-même, un homme sans fioritures, sans artifices. Un être au service de l’autre.
Ammi Madjid, Mohamed ou Kerroui, sont des consonances qui revêtent pour moi une charge émotionnelle très intense comme celle de père ou mère qui dorment à côté de vous et sur lesquels je vous demande d’ailleurs de veiller en attendant mon arrivée.

Quant au piège que vous m’avez tendu en me forçant presque à suivre votre exemple, nous nous en expliquerons le moment venu. Sur ce, reposez-vous bien, vous l’avez mérité.

A tous les ″Ammi Madjid″ d’Algérie qui ont accompli des miracles avec le peu de moyens dont ils disposaient !

A mon très cher ami et inspirateur dans la vie et dans le métier : Abdelfettah Atoui, sans qui, ce projet n’aurait jamais pris forme.

Cela fait 20 jours que j'ai posté ce texte mais à ma grande déception personne n'a osé écrire au moins un petit mot.Moi je dirai tout simplement, je suis si fière de vous Lalbatros, vous avez osé écrire su l'école grâce à votre geôlier bienfaiteur, cet homme"Ammi Madjid" de là haut ,doit être aussi ou plus fier que moi car il a réussi de faire de vous l'homme que vous êtes aujourd'hui.Chaque mot , chaque lettre est un signe de reconnaissance et de gratitude envers lui.Vous avez suivi son exemple et cela doit être qu'à son honneur.
Merci pour ce message qui nous rappelle ,nous autres enseignants ce que nous devons être.
n]]L’enseignement c’est aussi cette incommensurable dimension humaine qu’aucune école, aucun institut de formation ne peut enseigner. C’est cette somme de générosité désintéressée, sans contre partie que l’on ne peut communiquer si elle n’est pas authentique, profondément ancré en soi. [/b]

MERCI POUR LES TEXTES et tout-ce que vous réalisiez ; vous êtes l’ange et la lumière de ce forum.

C'est un vibrant et bel hommage en effet. Très bien écrit.
Malheureusement ce texte est passé inaperçu car le menu déroulant affiche tous les nouveaux sujets et jette aux oubliettes des articles parfois importants, pleins de sens et de finesse comme celui-ci.
C'est bien dommage, n'y aurait-il pas une solution?

Désolé Nedjma de vous avoir déçu.Il y'a toujours une solution : Prévoir un menu déroulant pour les modérateurs.

Merci nedjma pour tout ce que tu apportes à ce forum tu brilleras toujours

sellami kamel a écrit:

(L’enseignement c’est aussi cette incommensurable dimension humaine qu’aucune école, aucun institut de formation ne peut enseigner. C’est cette somme de générosité désintéressée, sans contrepartie que l’on ne peut communiquer si elle n’est pas authentique, profondément ancré en soi.) Quel hommage vibrant à votre maitre !!!à vous collègue qui avez rendu ,de forte ,belle et émouvante manière ,je vous offre en guise de reconnaissance ce texte ,aussi à tous nos maitres et dieu seul ,sait quel respect ,,nous leur vouons !!!

Hommage à mon maitre d'école:

J’ai voulu faire un hommage à mon maître d’école car c’est le premier enseignant qui m’a influencé. Il était très compétant et respectueux, il mérite d’être honoré.

Un grand salut de respect et de reconnaissance .pour lui .J’ai eu la chance d’être un de ses élèves à l’école primaire .J’ai bénéficié de ses instructions, formations, ses cours et surtout ses conseils de moralités, de conduite, de respect de soi et des autres….beaucoup de choses que je garde encore en mémoire.

Sincèrement, cher maitre, plusieurs générations vous doit beaucoup et comme disait Ahmed Chaouiki , on doit se mettre debout devant toi car l’enseignant aurait pu être un prophète.

Mon cher maître, je me rappelle qu’une fois vous nous avez conseillé de conserver nos devoirs pour les voir un jour lorsqu’on sera grand et les montrer à nos enfants, effectivement j’ai exécuté votre conseil et j’ai gardé tous les copies des devoirs et des examens de primaires et secondaires et universitaires .Je vous remercie pour ce conseil, je trouve toujours le même plaisir en feuilletant ces papiers qui ont jaunis.

J’espère que vous lisiez ces quelques mots qui ne pourront exprimer tout le respect et la reconnaissance que je vous dois.

monsieur sellami il est formellement interdit de faire du copier coller svp si vous insistez mentionner au moins le lien de ces écrits

Bonsoir collègue Mehdi,je suis
aussi attaché que vous ,à l'authenticité des documents qui circulent sur ce
forum ou autre ,néanmoins mon message se composait de trois parties distinctes :-
une partie des paroles de l'albatros que j'ai mise entre guillemets -une partie
qui est la mienne (en vert)-la dernière intitulée:hommage à mon maître d'école
,je l'ai exploitée pour renforcer la reconnaissance du collègue pour son maître
,pas plus ,le texte que j'ai trouvé sur un flash -disc de façon anodine sinon
,collègue Mehdi,je réitère mon attachement à ce que vous avez demandé Merci de
votre compréhension et à plus tard