À moitié endormie,
Une Souris tomba dans un grand fût de bière.
Près de se noyer, elle crie :
— Je coule, je me noie… Ah ! quelle mort vulgaire !
J’eusse préféré, mille fois,
J’eusse préféré, mille fois,
Périr sous la patte du Chat.
— D’accord, exquise créature,
Lui répliqua le Chat
Qui d’aventure
Passait par là.
Je ferai, par surcroît,
Un excellent repas.
— Oui, oui, dit la pauvrette, sauvez-moi
Car, parole d’honneur,
La mort, hors de ce fût,
Me paraîtra meilleure.
C’est ainsi que la Souris fut,
Sur sa parole,
Retirée de l’alcool. Pourtant, bien que tremblant de froid,
Et d’effroi,
Et sentant à plein nez la bière,
Notre madrée parvint à se soustraire
Au félin par trop sûr de lui.
C’était un bien joli tour
De Souris !
— Oh ! je vous mangerai un jour,
Gronda le Chat, abasourdi.
Quoi, me tromper ainsi !…
Que faites-vous donc de l’honneur ?
N’aviez-vous pas promis
De vous laisser manger sur l’heure ?
— Que si, piailla la Souris
Roulée en boule
Au fond de sa demeure.
Mais lorsque j’ai promis,
Vous oubliez que j’étais soûle.
Vous aurez beau parler d’honneur :
Serment d’ivrogne est sans valeur.
Serge MIKHALKOV. Fables adaptées du russe par Maurice CARÊME ©
Mes chers collègues ,voici un texte que vous pouvez exploiter , pour l'étude du dialogue, du discours, et en séance poésie pour la versification et l'étude des rimes . Enfin même l'argumentation. Très beau texte