Autopsie d’un carnet de correspondance
Parmi les innovations des réformes il y a le fameux carnet de correspondance introduit comme moyen de communication enseignants- parents, et qui a été perçu avec beaucoup de scepticisme par les premiers et une totale indifférence par les seconds...
Pourquoi donc avoir affiché un tel dédain devant cet outil , qui aurait dû être le maillon perdu, enfin retrouvé, entre l’institution scolaire et la famille ??
Analysons-le avec un peu de recul et plus de clairvoyance, pour les presbytes que nous sommes devenus au fil des ans, c’est la meilleure attitude à avoir…
Petit livret sympathique, avec en première page la carte d’identité de l’élève, mais rares sont les administrations qui prennent le temps d’en remplir toutes les cases se contentant des identifiants- nom- prénom- classe et photo dans les meilleurs des cas.
Première page : une préface explicitant clairement l’utilité de ce livret dont : moyen de communication enseignants-parents, moyen d’information sur toutes les activités de l’enfant à l’école, résultat et discipline ; une complémentarité école-famille ; invitant ainsi, l’adminstration et les enseignants à le remplir et les parents à le consulter régulièrement.
Premier volet :Administratif
Pages 4/5/6/7 ; les lois qui régissent l’école et qui protègent les droits de l’élève en 101 articles.
Pages 8/9 ; le règlement intérieur de l’établissement
Pages 10/11/12 ; un espace vierge destiné à noter les séances de rattrapage, et les activités annexes (dessin, sport musique…).
Page 13 ; un tableau pour y noter les dates des examens trimestriels
Page 14 ; La nomenclature des journées de réception et de rencontre entre l’administration, les enseignants et les parents d’élèves, chacun selon sa disponibilité.
Tout cela peut paraître bien beau et bien pensé, si ce n’est qu’à l’heure où je vous parle, c'est-à-dire en fin d’année, avec sous les yeux plusieurs carnets d’élèves dont ceux de mes enfants , il est déplorable de constater que ces pages sont restées lamentablement vierges.
L’équipe administrative, n’a donc pas fait son travail, et est de ce fait la première à n’accorder aucun intérêt à ce précieux outil.
Second volet
édagogique
Le plus important sans doute puisqu’il doit couvrir la vie scolaire de l’élève, par son évaluation dans toutes les disciplines, à travers des notes, mais aussi et surtout à travers des appréciations destinées à aider les parents à suivre l’évolution de l’enfant, ou le cas échéant, de redresser ce qui ne va pas, tant sur le plan compétence que sur le plan de la discipline, ceci périodiquement du mois de septembre au mois de juin.
A ma grande surprise, rien de tout cela …quelques rares notes, probablement de devoirs ici et là , portées par l’élève lui-même ; aucune appréciation et encore moins de conseils pour orienter les familles…en somme de désolantes pages blanches(18 en tout, qui n’auront servi à rien !) .
Parce que non informé, non impliqué dans la conception de ce type d’outil, et non formé à son emploi, l’enseignant, perçoit le carnet de correspondance comme une punition administrative de plus , et ne peut donc l’inscrire dans sa démarche pédagogique, dont en fait il est un outil clé, et de ce fait il se rebelle en refusant de s’y soumettre cassant ainsi le seul lien qu’il aurait pu avoir avec les parents, et donc tout un argument , et pas des moindres !
Troisième volet : Assiduité et discipline
Des pages destinées aux billets de sortie ou d’entrée des élèves, et d’autres à la correspondance que devraient établir l’administration et les enseignants avec la famille, pour l’informer des agissements de leur enfants en classe (devoirs non faits, disciplines, conseils, avertissements…).Là aussi le néant.
Elément privilégié et indispensable de la vie scolaire de l’élève et lien précieux entre l’école et la famille, le carnet de correspondance est loin de remplir toutes ses fonctions et de répondre aux attentes de tous les acteurs de l’école, il est chez nous pas plus ni moins qu’une carte d’accès à l’école. Nous sommes, je pense, tous responsables de ce manque de rigorisme, qui a fait perdre à cet outil toute sa valeur éducative ; (constat final :le carnet de correspondance est un prématuré, déclaré cliniquement mort).
Vous n’êtes peut être pas d’accord avec moi, car c’est là mon opinion personnelle et je l’assume pleinement, toutefois, je ne demande qu’à connaître votre avis , non pas pour polémiquer sur le sujet, mais bien pour voir où nous avons failli et comment y remédier. Merci…manouch (Ryma)